LES ORIGINES (de 58 av. J.-C. à 887)
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Déclin de la Féodalité
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LA REVOLUTION
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La République
L'Empire
Jeanne d’Arc faite prisonnière. Compiègne, assiégé par le duc de Bourgogne, implora le secours de Jeanne d’Arc, qui avait sauvé tant de villes. Elle accourut aussitôt à travers les lignes ennemies, ranima la défense, et fit une sortie le jour même de son arrivée; mais elle se heurta contre les masses bourguignonnes; les Français découragés retournèrent vers la ville; Jeanne, réduite à les suivre, assura du moins leur retraite et continua à lutter avec une poignée d’hommes, pendant que la porte de la ville se refermait; quand elle voulut rentrer à son tour, il était trop tard: le pont-levis était levé; les Bourguignons se précipitèrent sur elle; accablée sous le nombre, Jeanne fut renversée de cheval, et tomba vivante au pouvoir de l’ennemi (mai 1430). Le duc de Bourgogne, qui était l’allié des Anglais, leur vendit sa prisonnière au prix de dix mille francs, et Charles VII ne fit rien pour la racheter. Dès que les Anglais tirent Jeanne d’Arc en leur pouvoir, dans le château de Rouen, ils se vengèrent cruellement du mal qu’elle leur avait fait: ils lui mirent des chaînes aux mains, aux pieds et au cou, et l’enfermèrent dans une cage de fer, puis ils composèrent un tribunal, qui l’accusa de désobéissance à ses parents, d’imposture, d’hérésie, de sacrilège et de sorcellerie. Jeanne d’Arc devant ses juges. Le procès dura trois mois, du 21 janvier au 24 mai 1431: les juges, qui avaient ordre de condamner Jeanne, cherchèrent à l’embarrasser par mille questions: « Avez-vous bien fait, lui demandaient-ils, de partir sans la permission de vos père et mère ? » - « Dieu me l’ordonnait, répondit-elle, et eux ils m’ont pardonné. » - « Quelles étaient les intentions de ceux qui vous baisaient les mains et les vêtements ? » - « Ils savaient que je les défendais de tout mon pouvoir contre les Anglais. » - « Pourquoi êtes-vous entrée dans l’église de Reims avec votre étendard ? » - « Il avait été à la peine; c’était bien justice qu’il fût à l’honneur. » - « Dieu hait-il les Anglais ? » - « Je ne sais si Dieu aime ou hait les Anglais, mais je sais bien que les Anglais seront mis hors de France, excepté ceux qui y périront. » Jeanne n’avait en face d’elle que des juges vendus à ses ennemis, des soldats grossiers qui l’insultaient, des bourreaux prêts à s’emparer d’elle pour la tourmenter: épuisée de fatigue, étourdie par les promesses et par les menaces, intimidée par la solennité du Tribunal que présidait un évêque indigne du nom de prêtre, l’évêque de Beauvais Pierre Cauchon, Jeanne fit ce que les juges souhaitaient par-dessus tout, elle se reconnut coupable d’imposture. Martyre de Jeanne d’Arc. Les juges, fiers d’avoir arraché à Jeanne le désaveu de sa mission divine, se contentèrent de la condamner à la prison perpétuelle, « au pain de douleur et à l’eau d’angoisse », pour qu’elle passât le reste de sa vie à pleurer ses péchés; mais les Anglais, qui voulaient sa mort, accueillirent cette sentence par des cris de fureur, insultèrent les juges, leur lancèrent des pierres et faillirent les jeter à la Seine. L’infâme tribunal, tremblant d’épouvante, résolut alors de satisfaire pleinement les Anglais: pendant que Jeanne dormait enchaînée dans sa prison, on lui déroba ses vêtements de femme, et on les remplaça par un costume d’homme: « Messieurs, dit-elle à ses geôliers, dès qu’elle s’aperçut du piège qu’on lui tendait, vous savez qu’il m’est défendu de reprendre ces habits. » Ils refusèrent de lui en donner d’autres et la contraignirent à les prendre: aussitôt les juges entrèrent; il fut constaté qu’elle était retombée dans ses maléfices et qu’elle méritait la mort; Pierre Cauchon se tourna avec joie vers les Anglais qui le suivaient, et leur dit en ricanant: « C’est fait. » Jeanne savait le sort qui l’attendait, mais retrouvant tout à coup l’entière possession d’elle-même: « J’avais abjuré pour sauver ma vie, dit-elle, mais maintenant que je vais mourir, je me damnerais, si je disais que Dieu ne m’a pas envoyée; mes voix me venaient de Dieu, et je ne regrette pas ce que j’ai fait. » Deux jours après, le 30 mai au matin, Pierre Cauchon, accompagné de deux moines, vint lui enjoindre de se préparer à la mort: « Évêque, dit-elle, je meurs par vous, et j’appelle de vous à Dieu. » Jeanne fut vêtue d’une longue chemise de pénitente; on lui mit sur la tête une grande mitre avec ces mots: « Hérétique, relapse, apostate, idolâtre », puis on la porta dans une charrette à la place du Vieux-Marché, où se dressait un grand échafaud en maçonnerie, surmonté d’un énorme bûcher. Là, en présence d’une foule immense qu’agitaient les sentiments les plus divers, Jeanne fut liée à l’échafaud, pour que les soldats anglais pussent la contempler longuement et se repaître de ses larmes. Après deux longs sermons, qui la flétrirent comme une sorcière abominable, on lui donna la lecture de la sentence qui la condamnait « à être retranchée du corps de l’Église ainsi qu’un membre pourri. » Aussitôt le bourreau la saisit, l’enchaîna au poteau, et mit le feu au bûcher. Jeanne, les yeux fixés sur la croix que tenait devant elle son confesseur, adressa à Dieu une prière suprême pour lui demander du courage, pardonna à tous ses ennemis et répéta plusieurs fois que ses voix ne l’avaient pas trompée; déjà les flammes l’entouraient de toutes parts et s’emparaient de leur proie: Jeanne ne poussa pas un cri; les Anglais déçus l’entendirent encore prononcer le nom de Jésus, puis la fumée cacha l’agonie de leur victime, et le supplice s’acheva dans un effroyable silence. Les juges n’osaient pas regarder le bûcher, et les Anglais avaient cessé de rire; enfin, les habitants de Rouen, dont beaucoup avaient fait héroïquement leur devoir en 1419 avec Alain Blanchard, pleuraient de leur impuissance et vénéraient Jeanne d’Arc comme une martyre du patriotisme. Les juges firent jeter les cendres à la Seine, pour que le peuple ne pût les recueillir. |
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Jeanne d’Arc bat encore les Anglais à Patay (1429), s’empare de Troyes et de Châlons, entraîne Charles VII et le fait sacrer à Reims, puis tente hardiment de délivrer Paris. Mais elle est grièvement blessée à l’assaut de la porte Saint-Honoré, et contrainte à la retraite par l’indolence de Charles VII. Réduite à une petite troupe, elle est prise à Compiègne par les Bourguignons (mai 1430), livrée aux Anglais et brûlée vive comme sorcière à Rouen (mai 1431). |
Jeanne d’Arc faite prisonnière. |
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